L’ARCHITECTURE MANIFESTE 2024
du 14 Octobre au 23 Octobre 2024
du 14 Octobre au 23 Octobre 2024
Dix agences sont invitées pour exposer autour de la pratique du projet, de sa conception même et non pas de son résultat, sous l’intitulé «Manifeste». Pour ce faire, nous faisons appel à certains architectes dont les pratiques se croisent et nous présentons une réalisation de leur part mettant en scène leur démarche. Il ne s’agit pas là de présenter une réalisation architecturale réalisée, en cours ou à venir. Mais de présenter, à l’intérieur d’un volume précis, l’expression d’une démarche, d’une pratique, d’un cheminement de pensée, de processus desquels émerge l’architecture. Seul le volume est donné, et aucune restriction de médium n’est imposé. Le contenu même de l’exposition se caractérise par ces réalisations. La mise en scène de ces « objets » permet de comprendre, de comparer, des pratiques d’horizons divers, dont pourtant les résultats nous semblent proches. Bref, cette idée de mettre en boîte son processus architectural nous semble intéressant lorsqu’il se retrouve confronté à d’autres.
Vernissage de l’exposition le Jeudi 17 Octobre à 19h30. Ouvert au public
Quatre agences participeront durant 2 heures à une table ronde animée par Maryse Quinton architecte et journaliste.
Avec:
COMPAGNIE ARCHITECTURE (Bordeaux)
FAIRE AVEC (Marseille)
JKLN (Paris)
Table ronde le Jeudi 17 Octobre de 14h à 16h. Ouvert au public (places limitées)
Cinq agences animeront durant 20-30 minutes chacune une conférence.
Avec:
ITAR (Paris)
CAMILLE SALOMON (Paris)
ATELIER ZORA (Paris)
EMMA SAINTONGE (Paris)
JAGG (Paris)
Mini conférences le Jeudi 17 Octobre de 16h30 à 18h30. Ouvert au public
Crédits photos: Emmanuel GROUSSARD ©
« La Méditerranée est ma matrice. Je viens de là, de ce lieu unique. Enfant du maquis et des sables, j’ai appris la complexité de mon métier d’architecte ici. Mer, roche, plage, ma féminité a embrassé la féminité de cette mer, exerçant avec délicatesse, retissant la dentelle abîmée, m’inspirant des sédiments, matière douce, originelle. Mon île m’a appris la lumière, la couleur, la pente, me rappelant sans cesse qu’il n’y a pas de création valable sans éthique et que l’histoire est le berceau du présent. Ainsi se construit ma démarche artistique, reliée à mes racines, à l’origine. »
Amelia Tavella
L’Art et la Manière
L’architecte procède à la manière de l’archéologue.
Elle embrasse ce qui existe pour créer ce qui existera.
Son geste suit les sillons visibles et invisibles du passé.
Ici construire n’est pas déconstruire.
L’architecte invente depuis l’origine, depuis un lieu et pour une espérance.
Nous sommes d’une histoire, l’architecture poursuit son écriture et devient art divinatoire.
Ce qui est bâti sera un jour un témoin.
La lumière est matière, elle a la force de la pierre et traverse les édifices.
L’architecte a fait vœu de sensualité. La nature est sa scène.
Elle obéit à sa volonté et restitue sa beauté.
Les œuvres se dressent vers le ciel sans l’affronter. La douceur est un drapeau.
De la nature vers les êtres et des êtres vers la nature ainsi naît l’équilibre véritable.
Depuis la mer et entre les terres, d’une île à la ville, rien ne rompt, tout vibre, se répond
et s’assemble dans un royaume intime et universel qui célèbre ce que désire et nomme l’architecte :
Les noces.
Nina Bouraoui – 2024
CAMILLE SALOMON ARCHITECTE développe une approche pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’elle intègre dans sa pratique du projet l’ensemble des domaines de compétence de manière intégrée. Au centre de ses recherches de conception sont placés les notions d’expérience spatiale, de mixité urbaine et de circularité de la matière. L’agence s’intéresse notamment à la valorisation de l’existant à toutes les échelles, de la reconversion d’un ensemble bâti au réemploi d’un petit élément. La pratique de projet s’attache à donner de la valeur du signifiant au signifié.
LE CONTEXTE | EN MILIEU HABITÉ
Dans le cadre de programme de réhabilitation dit “en milieu occupé” – que nous renommons ici “en milieu habité” – l’agence s’ouvre à un nouveau domaine de compétence : le volet de l’enquête sociale. La réhabilitation des grands ensembles des années 70 nécessite d’aborder les pathologies d’un patrimoine vieillissant avec un regard humanisé. Dès lors, le diagnostic technique, thermique, structurel, architectural, social peut s’incarner subjectivement par le témoignage des habitants et objectivement dans les constats dressés par les architectes.
L’ENQUÊTE | LA PAROLE DES HABITANTS
L’enquête fait référence au recueil de poèmes « Paroles » de Jacques Prévert publié en 1946 et dont le poème intitulé « Inventaire » est particulièrement empreint du désarroi des foyers qui accompagne la période de l’après-guerre, par l’ampleur des démolitions, des désordres et l’invasion de ratons laveurs. Guidée par un questionnaire, les réponses des habitants sont résumées librement dans le choix de mots ou d’expressions imagés. Suivant la composition du poème original, les strophes sont systématiquement entrecoupées par le passage répétitif des cafards, des pigeons ou des rats, omniprésents dans le quotidien des locataires et rappelant une nuisance oppressante.
L’ANALYSE DIAGNOSTIC | LES CROQUIS
En vis-à-vis, les croquis révèlent les constats où se logent le confort ou l’inconfort. Le dessin au trait permet de mettre en lumière ce qui retiendra l’attention des architectes. Il faut observer et interpréter attentivement chacun des indices laissés dans les aménagements des usagers. La série choisie de 35 croquis d’intérieurs prend la forme d’un carrousel de diapositives. Le format 35mm préserve l’intimité des foyers. S’immerger dans l’installation implique alors un regard attentif et patient comme tout préalable.
LA MAQUETTE | LE JEU
Au contraire d’un système hiérarchisé, l’accumulation désordonnée des mots et des images illustre les informations saisies pêle-mêle lors de l’enquête de terrain. Ils entrent en résonance les uns avec les autres et permettent de scander leurs préoccupations d’une voie commune. Aux architectes, ces retours permettent de dresser une nouvelle arborescence des priorités du projet. Le visiteur peut aussi être invité à composer un poème libre avec les mots jetés sur les diapositives, tel le jeu d’un cadavre exquis. L’intervention des visiteurs fait alors partie intégrante d’un dispositif plus ludique en invitant à se mettre à la place des habitants.
Ecouter, rassembler, fêter
Une composition à partir de fragments de 12 maquettes
QUE METTONS-NOUS DONC SOUS CLOCHE CHEZ COMPAGNIE ARCHITECTURE ?
Se trouvant devant une très belle collection de boules à neige, nous devinons des paysages, des souvenirs, des silhouettes de personnages, villes ou pays qui se découpent sous une coupole transparente. Quelques fois, en la remuant, tout disparait derrière des flocons de neige, comme par magie.
Quel univers de boules à neige voulons-nous raconter ?
PARTIR DU DÉJÀ-LÀ, FRAGMENTS DE MAQUETTES
Nous partons toujours du déjà-là. Territorial, bâti, paysagé, naturel, humain et non humain, intangible.
Nous discutons avec les écosystèmes en place pour faire projet. Pour faire paysage.
Comment transmettre ce qui nous anime à l’agence ? En partant des objets qui nous entourent de toutes parts sur les étagères et les tables: les maquettes, mascottes de tous nos projets. Les maquettes, résultantes de notre processus mené.
COMPOSER UN PAYSAGE COLORÉ, UN INVENTAIRE À LA PRÉVERT
Comme un acte de réhabilitation et de réemploi, l’objet composé provient uniquement des fragments de maquettes existantes, présentes à l’agence : des bouts d’histoires de projets gagnés, annulés, testés, perdus, modifiés, réalisés.
Quelles que soient les échelles et les temporalités de réalisation, cette nouvelle maquette est issue d’éléments de maquettes : arbres, structures, bonhommes, fenêtres, gradins, jardins, nomenclatures de matériaux, chaises, volumes en tous genres, etc… des projets de la salle de concert le Krakatoa à Mérignac, le cinéma de la Cartoucherie dans la Halle 128 à Toulouse, l’école Georges Leygues à Pessac, la Maison de la Nature à Mérignac, le centre chorégraphique la Manufacture à Bordeaux, le Pôle des Arts Nomades à Nantes, les Magasins Généraux sud à Darwin à Bordeaux, le centre culturel de la caserne Mellinet à Nantes, le 1ers-lieu de Sainte-Livrade-sur-Lot, l’école Frida Kahlo à Bruges, le centre artisanal Godard au Bouscat, le concours d’une école à Cenon…
REDONNER DE LA JOIE ET DE LA MAGIE PAR LE PROCESSUS
Nous essayons de raconter une histoire qui fait rêver. Pour se décaler, faire un pas de côté et retrouver un émerveillement, souvent relégué à l’enfance.
Déployer un processus, porter une attention aux vivants : écouter, affiner l’usage et fêter.
C’est le chemin qui nous intéresse et ses détournements qui constituent le récit de nos projets.
Matérialiser l’échange
Tous ces cafés.
Ces échanges alimentent les diagnostics, les cahiers des charges, les études de projets et leur réalisation. Au détour de l’expression d’un besoin, sous couvert d’informel, on se partage souvent bien plus. Se dessine alors un lieu avec, non plus une vision mais, une multitude de vies qui le traverse. Impliquer le maximum de personnes à la conception d’un projet permet d’élargir le spectre des connaissances.
Un café, c’est environ 9 grammes de marc générés dans la chambre à café.
Grammes après grammes, ce sont les chambres, les pièces, les espaces qu’on repense et qu’on touille dans tous les sens, accoudé devant les machines.
Quatre mois d’études, ça pourrait être 8,64 kg de marc. Et sans compter le sucre, les touillettes, les malheureux gobelets, les grains tombés à côté.
8,64 kg de marc pour concevoir ensemble. 8,64 kg qui témoignent des discussions et de l’intelligence collaborative à l’œuvre pour composer avec, agencer, faire avec.
Tous ces cafés.
Passés à trouver des solutions techniques avec les différents intervenants pour la mise en œuvre de matériaux de réemploi. A tenter de renverser la vapeur. Même s’il s’agit d’un sujet parmi tant d’autres de la construction durable, nous croyons que la préservation des ressources de matières premières et d’énergies est essentielle.
Notre manière d’exercer le métier de maître d’œuvre repose sur la récolte des envies, besoins et usages des premières personnes concernées et la récupération de matériaux inexploités.
Nous nourrissons une vision de l’architecture dédiée aux vies qui y prennent place et au respect du déjà-là. Une architecture à la hauteur des enjeux humains et environnementaux d’aujourd’hui. Nous matérialisions notre consommation de café pour donner à voir notre ténacité à s’engager pour une architecture qui permet d’évoluer dans des espaces de qualité, où s’épanouir et s’émouvoir.
8 octobre 2024,
une liste de notes
quelques mots qui s’assemblent
comme des outils pour penser
pour composer
décomposer
recomposer
papier
feuille
ciseaux
un objet trouvé
faire avec
ce que l’on trouve
sans superflu
une économie
une économie du geste
une économie de matière
dans une recherche de simplicité
manipuler
plier
couper
assembler
coller
un processus ouvert
comme une correspondance
à poursuivre
La sensibilité à l’usage et à la matérialité sont les deux piliers d’ITAR, agence fondée en 2006 par Ingrid Taillandier. Ses projets tiennent avant toute chose à apporter à l’utilisateur un enrichissement de son quotidien où lumière naturelle, espaces appropriables et ouverts permettent d’habiter simultanément la ville et son logement. L’agence relève continuellement le défi immense mais enthousiasmant de définir les équilibres de demain : entre densité et respiration ; entre architecture et nature ; entre libertés individuelles et sens du lien social.
Le soin apporté à la construction traduit les égards pour la pérennité des lieux ; le dépassement d’une vision fonctionnelle des programmes et l’utilisation de matériaux qualitatifs apportant dignité à l’usager. Des processus de préfabrication à la réinterprétation de mises en œuvre traditionnelles, l’agence a su développer au fil des projets un véritable savoir-faire et une appétence pour les modes constructifs sobres et innovants. En 18 ans, ITAR est intervenu en neuf comme en réhabilitation et réalise logements et bureaux. Quelle que soit l’opération, domesticité et désirs urbains fondent une démarche où le projet est un entrelacs d’échelles, où le petit est aussi important que le grand, où le particulier qualifie le général.
Modules 2D ou 3D, prémurs béton isolés ou non, murs à ossatures bois, balcons bois ou béton, procédés mixtes. Voilà 18 ans qu’ITAR met en œuvre le hors-site dans ses projets de logements. Les ambitions conjuguées de l’industrialisation et d’une massification de la commande font largement partie des objectifs de la filière et le risque est alors de provoquer l’anonymisation et la déterritorialisation du projet. C’est l’objet des questionnements qu’ITAR mène parallèlement au développement de ses opérations. Loin de céder à la facilité de la reproductibilité, c’est à la question d’où placer le curseur du modulaire que l’agence s’attèle car user du hors-site c’est selon nous garantir les délais, la qualité d’exécution, la vision transversale et la pérennité de l’ouvrage. Toutefois, tendre vers une sur-standardisation limiterait les évolutions de l’opération dans l’espace et dans le temps. À l’architecte d’anticiper ces missions, notamment en logement familial, en gardant une part d’individualisation et d’appropriation spatiale. L’écorché du projet Batignolles (1), où le système hors-site est utilisé en prémurs et pour les balcons, en illustre les bienfaits. L’imbrication de deux types de balcons suffit à générer une texture de façade complexe et riche à partir d’un élément simple. Les deux plans horizontaux et les prémurs isolés s’emboitent sur dix-huit étages pour répondre à une série d’impératifs : fournir une surface suffisante pour un usage crédible (13 m2), donner la possibilité d’avoir des doubles hauteurs afin d’éviter la sensation d’étouffement qu’aurait provoqué un empilement systématique de ces espaces et préserver l’intimité de chaque logement en permettant la vue vers l’extérieur.
Le temps d’un projet
Antoine de Saint-Exupéry a écrit : « L’avenir n’est jamais que du présent à mettre en ordre. Tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre ». Cette citation souligne que l’avenir se construit en organisant le présent, en prenant des décisions et en agissant maintenant pour façonner ce qui est à venir. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais de créer les conditions pour qu’il se réalise. Mettre en ordre, organiser, planifier, tout tourne autour d’une donnée essentielle : le temps.
LE CONTEXTE
Le temps est l’élément clé dans la conception de tout projet. Le temps que nous consacrons à analyser les données existantes, à évaluer les paramètres qui caractérisent un nouveau projet — son contexte social, son implantation, son orientation, son programme — est crucial pour la bonne compréhension des enjeux de chaque projet. Ces données transformées en composantes vont permettre par la suite la fluctuation des pensées et l’apparition de plusieurs idées.
L’INTUITION
Puis vient le temps de la conception. Une période à la fois courte et dense, confuse et frustrante. C’est surtout un moment de création solennelle, où l’on cherche cette note parfaite pour satisfaire une quête insatiable. Pendant cette phase d’effervescence créative, le cerveau crée des connexions cherchant à atteindre ce point culminant qui donnera forme à une structure solide, fondement de la seconde vie d’un projet. On appelle cela le « déclic ». Cette intuition que l’on suit, que l’on défend, et que l’on s’efforce de mener à bien jusqu’à la fin du projet.
L’ÉMERGENCE
Ici, une nouvelle séquence commence. À partir des phases études jusqu’à la livraison d’un projet, il existe une multitude de scénarios et de dénouements possibles. Même si tout est cadré, structuré et normé, de nouveaux paramètres et acteurs entrent en jeu rendant la concrétisation d’un projet laborieuse.
En somme, chaque projet se construit dans le présent, grâce à une gestion attentive du temps. De l’analyse initiale à l’intuition créative, c’est l’organisation du présent qui permet à l’avenir de se réaliser, comme le souligne Saint-Exupéry. Il ne s’agit pas de prédire, mais de créer les conditions de la réussite.
Dans nos expérimentations quotidiennes, nous détournons les outils de la conception bioclimatique pour concevoir les espaces de nos projets, les sculpter, les mettre en relation.
En rapport au climat mais aussi toujours pour leurs qualités spatiales intrinsèques.
C’est notre manière de répondre aux enjeux écologiques de notre époque sans que ceux-ci ne nous accablent.
La circulation de l’air, la course du soleil, le chemin d’une goutte de pluie, l’inertie ou la perspirance d’un matériau sont autant de données d’entrée du projet, de matières à disposition pour concevoir.
Ces nouveaux paramètres permettent un reset de l’idée que l’on se fait d’un espace, une distorsion utile pour créer de nouveaux imaginaires.
Des espaces amplifiés, plus poétiques, en phase avec le monde et mis en relation de manière féconde.
Bien que résultant de données d’entrée techniques, ces espaces se révèlent bien loin de leur représentation habituelle :
Une salle de bain de maison individuelle cumule les fonctions de puit de lumière, tour à vent, catalyseur de vue.
Les studios d’une résidence pour femmes victimes de violence deviennent traversants avec 4 fenêtres chacun : deux pour voir Paris, une pour prendre sa douche avec les premiers rayons du soleil, une pour sentir que l’on n’est pas seule.
La conception bioclimatique n’est pas une fin en soi, c’est un medium au service de l’espace.
En opposition à ce fourmillement intérieur, l’extérieur se veut discret.
Nous cherchons les traits d’une architecture anonyme.
Presque transparente comme cette cloche en verre, dans le sens où on la remarque à peine : elle n’est pas le sujet, elle est là pour mettre en valeur.
Le contexte et son héritage patrimonial sont finement analysés afin d’en dégager les marqueurs, les permanences et les anomalies.
Puis nous le retranscrivons en l’adaptant à sa situation spécifique, aux techniques de constructions historiques et renouvelées, et aux usages intensifiés que nous imaginons.
Le résultat souhaité, c’est la sensation que notre intervention a toujours existé.
L’impression d’une architecture sans architecte, bien qu’un œil curieux ne s’y tromperait pas.
Ce que nous attendons de cette architecture anonyme c’est qu’elle renforce l’imaginaire du lieu, se faisant oublier elle-même.
Merci à Tanya Klyne avec qui nous partageons ces recherches et expérimentations depuis 4 ans. Et merci à Caroline Lavigne pour la réalisation du socle en grès « Flecked Stoneware Clay »
En sortant d’un process standardisé, la production des éléments spécifiques relatifs à l’architecture, la ville et les territoires permet de répondre au plus juste à nos besoins et de limiter l’impact environnemental de notre intervention sur le monde.
LA CONNAISSANCE
La cloche est réalisée en chauffant un tube de verre de type pyrex à plus de 1200 degrés. Fixé à un tour, le mouvement conserve une température homogène.
«En s’intéressant systématiquement au processus de fabrication, on assure une meilleure compréhension des caractéristiques techniques et on facilite la mise en œuvre des éléments entre eux.»
LE SAVOIR-FAIRE
La cloche est réalisée dans un laboratoire (Verrerie Soufflée & Normalisée ®) du XII° arrondissement à Paris, par un artisan du verre qui réalise depuis près de 50 ans des objets par transformation du verre à chaud et à froid.
«En stimulant des synergies entre concepteur et fabricant, on augmente par liens de réciprocité les connaissances de nos domaines de compétence et on interagit dans de nouvelles sphères de spécialistes.»
L’USAGE
La cloche est adaptée à l’usage. Désormais, un bouton permet de manipuler facilement l’objet sans risquer sa dégradation.
«En imaginant des éléments qui répondent à une utilisation précise, nos propositions interagissent spécialement avec les usagers et durent dans le temps.»
LE MILIEU
La cloche est ouverte, elle dialogue avec ce qui l’entoure. Par cette percée, les liens entre extérieur et intérieur se tissent pour favoriser des échanges bénéfiques et mutuels.
«En créant un contact avec l’environnement dans lequel les projets s’insèrent, des relations inédites entre les parties peuvent avoir lieu pour améliorer la situation initiale.»
LE REGARD
La cloche a reçu un traitement ondulé et sablé qui symbolise notre positionnement sur l’esthétique du projet.
«En portant une attention à l’aspect de la réalisation, le prisme de notre identité façonne les réponses que nous formulons.»
LA TRANSMISSION
Le processus de fabrication de la cloche est expliqué et illustré par un livret de photos consultable par tous.
«En diffusant de façon pédagogique sur notre pratique et nos engagements, les projets peuvent être compris et appropriés.»
«La composition reflète une démarche. Celle d’une liberté engagée et d’une indépendance de la pensée et du parti pris des choses.
Les objets inertes sont figés dans un espace. Le temps y est suspendu. Ce qui les rend intemporels. La rencontre poétique de différents objets du quotidien qui dialoguent et leur confrontation à un élément naturel les situe. La radicalité et la sobriété de la scène représentée évoque une nature morte. Elle se caractérise par la présence de formes fortes, de matières, de teintes aux contours définis. Tous les éléments sont soigneusement disposés pour interagir. On peut appréhender leur caractère, leur échelle, leur proportion et leur géométrie. La simplicité apparente permet de passer de l’idée abstraite à la dimension physique de l’espace. Bien que l’assemblage soit précis, il en émane une certaine fragilité nécessaire.
La pièce qui repose ici même est un fragment d’une série et d’une réflexion menée, une étape dans la compréhension du processus de conception et sa représentation.»